Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rencontré la vérité. Si je lui donne quelque étendue, c’est afin de la rendre plus instructive. La recherche de la précision fait souvent qu’on se préoccupe moins de la clarté que de la brièveté ; grave inconvénient dans les matières peu connues.

(2) Le royaume de Perse n’eut d’abord qu’un territoire très circonscrit. Il a souvent changé de noms, pour des causes précédemment rapportées. Lorsque Alexandre le Grand eut fermé les yeux à Babylone, les Perses reçurent le nom de Parthes d’Arsace, homme obscur, qui de chef de brigands devint, par une suite d’exploits, le glorieux fondateur d’une dynastie.

(3) Sa valeur triompha du successeur d’Alexandre, Séleucus Nicator, ainsi nommé de la multitude de ses victoires. Arsace expulsa les forces macédoniennes, et sut ensuite, dans une possession paisible, gouverner avec douceur des sujets obéissants.

(4) Enfin, après avoir subjugué les peuples voisins, ceux-ci par la force, ceux-là par la crainte même de ses armes, d’autres par la seule influence de son équité, il s’éteignit dans la maturité de l’âge, laissant la Perse remplie de cités, de forteresses et de châteaux, et redoutée de tous ceux qui la faisaient trembler naguère. Le premier de tous les monarques, Arsace obtint les honneurs de l’apothéose ; et elle lui fut décernée par le vœu unanime des grands et du peuple. Une consécration conforme aux rites du pays le plaça, suivant la croyance nationale, dans le ciel, au rang des astres.

(5) De là le titre de frère du Soleil et de la Lune, que se laissent donner les superbes souverains de cette contrée. Par un prestige semblable à celui dont le surnom chéri et désiré d’Auguste environne nos empereurs, le nom d’Arsace est devenu pour les rois parthes, si obscurs et si méprisés jusque-là, une auréole de prospérité comme de gloire.

(6) Non seulement les contemporains l’ont divinisé, mais ce culte d’un nom s’est transmis aux âges suivants. Si bien que, de nos jours encore, s’il s’agit de choisir un roi, un Arsacide obtient de droit la préférence, et que même dans les discordes civiles, qui sont très fréquentes chez ce peuple, on se ferait un scrupule, on regarderait comme un sacrilège de porter la main sur un homme de cette race, fût-il simple particulier.

(7) Il est assez connu que les vastes conquêtes de ce peuple ont étendu sa domination jusqu’à la Propontide et la Thrace ; et l’on sait aussi quels échecs éprouvèrent parfois ses monarques dans leurs orgueilleux projets d’envahissement. Cyrus, passant le Bosphore avec une armée dont le dénombrement paraît fabuleux, fut exterminé par Thomyris, reine des Scythes, qui vengea cruellement sur lui la mort de ses enfants.

(8) Darius et après lui Xerxès, qui asservirent jusqu’aux éléments pour se jeter sur la Grèce, y perdirent flottes et armées, et purent à peine sauver leur propre vie. Je passe sur les conquêtes d’Alexandre, et sur ce testament qui disposait de la Perse entière en faveur d’un seul héritier.

(9) Plusieurs siècles après, Rome, sous le gouvernement des consuls, et quand elle obéit aux Césars, eut avec ce peuple des luttes ardentes à soutenir. La fortune resta quelquefois indécise ; puis elle se prononça tantôt pour nos armes, tantôt pour les leurs.

(10) Un mot maintenant sur la géographie du