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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/342

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de rien ménager, il enjoint au Suréna de recouvrer, fût-ce de vive force, les districts que s’étaient permis d’occuper les ambassadeurs, et de faire main basse sur les troupes romaines envoyées à Sauromaces.

(8) L’exécution fut soudaine, et nous ne pûmes ni l’empêcher ni en tirer vengeance, l’empereur ayant alors sur les bras toute la race des Goths, qui venait de faire irruption en Thrace. La catastrophe qui suivit sera décrite en son lieu.

(9) Au milieu de ces secousses de l’Orient, la Justice divine, dont le bras reste parfois longtemps suspendu, mais s’abaisse tôt ou tard sur les coupables, avait donné enfin satisfaction à l’Afrique désolée, et aux mânes errants des députés de Tripoli.

(10) Ce Rémige, complice, avons-nous dit, des déprédations du comte Romain, s’était, après son remplacement par Léon dans la charge de maître des offices, retiré des affaires publiques, et vivait dans ses terres près de Mogontiacum, son pays natal, où il s’occupait de soins agricoles.

(11) Le préfet Maximin, pressé d’un vague besoin de nuire, et qui trouvait l’occasion de le satisfaire impunément sur un homme dont la position était si réduite, lui faisait souffrir toutes les vexations en son pouvoir. Il y avait des mystères à fouiller dans cette vie. Maximin fit enlever et mettre à la torture un nommé Caesarius, autrefois employé au service de Rémige, et qui était devenu notaire. Il voulait tirer de cet homme le secret des actes de son ancien maître, et notamment du profit qui était revenu à ce dernier de sa connivence aux infamies du comte Romain.

(12) Rémige eut avis de ces recherches au fond de sa retraite ; et, poussé, par la crainte ou le remords, à une résolution désespérée, il s’étrangla de ses propres mains.

Chapitre III

(1) Dans l’année suivante, qui eut pour consuls Gratien et Équitius,Valentinien, après avoir ravagé quelques cantons alamans, s’occupait à bâtir le fort de Robur près de Bâle, quand il reçut le rapport où Probus l’instruisait de la désolation de l’Illyrie.

(2) Le circonspect empereur ne se contenta pas de lire cette relation avec l’attention la plus sérieuse ; il fit faire une vérification locale des faits par le notaire Paternien, qui en confirma la réalité par ses messages. Valentinien allait donc se rendre sur le théâtre des désastres, persuadé d’avoir raison, par sa seule présence, de cette audacieuse violation du territoire.

(3) Mais une difficulté se présentait : on touchait à la fin de l’automne, et tout ce qui approchait du prince le suppliait avec instance d’ajourner l’expédition jusqu’aux premiers jours du printemps. Jusqu’à cette époque, disait-on, les chemins durcis par les glaces, le manque de fourrages et de tout ce qui est indispensable à l’entretien d’une armée, s’opposaient absolument à ce qu’on se mit en marche. Et puis, quel voisinage laissé à la Gaule que les rois alamans, et Macrin surtout avec ses rancunes ! Nos villes ne pourraient plus compter sur la protection de leurs murailles.

(4) Ces sages avis et les considérations qui s’y joignaient finirent par faire impression sur Valentinien. Macrin, qu’il était si important de se concilier, et qui semblait disposé à écouter des propositions, reçut une invitation caressante d’accepter un rendez-vous près de Mogontiacum. Le roi barbare acquiesça,