Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ser la publication du reste [1]. » Delà ce langage enflé et sonore, le seul qui pût plaire à un auditoire plus sensible à l’harmonie des mots qu’à la force du sens. C’est pour l’effet de la lecture qu’Ammien prodigue les comparaisons entre son temps et les temps passés ; qu’il apostrophe si souvent la fortune, qu’il accumule les métaphores, qu’il décrit dans le style épique les sièges et les combats. C’est pour les applaudissements des banquettes qu’il affecte l’érudition, qu’il sème ses récits de citations de Cicéron, de vers de Virgile et de Térence ; qu’il s’égare en de vaines digressions sur certaines divinités païennes, sur les obélisques, sur les hiéroglyphes, sur les tremblements de terre, sur les éclipses de soleil et de lune, l’origine des perles, les feux tombés du ciel ; enfin, sur les jurisconsultes et ce qu’il appelle plaisamment les diverses espèces d’avocats. Cette dernière digression est plutôt une piquante invective contre les gens de loi, dont les tracasseries l’avaient forcé de quitter Antioche.

Le meilleur éloge qu’ait reçu l’ouvrage d’Ammien Marcellin, je le trouve dans l’emploi que les historiens modernes ont fait de ses précieux documents. La partie la plus forte de l’histoire de Gibbon est celle où il s’est servi d’Ammien. Avant lui, le profond savoir de Tillemont y avait puisé pour son Histoire des empereurs ; et, de nos jours, M. de Chateaubriand a payé, par quelques épithètes honorables pour Ammien, les emprunts dont il a orné les plus brillantes pages de ses Études historiques.


  1. Lettres de Libanius.