Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/220

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du bien public, pour perdre les plus ardents défenseurs des intérêts du peuple par ses propres mains. Il ne connaît point de vue tous ceux qui travaillent pour sa cause, et qui hasardent leur vie de plus d’une manière pour la faire triompher. N’est-ce donc pas assez qu’ils aient à redouter les poignards de l’aristocratie, l’épuisement de leur santé, les griffes renaissantes du despotisme, sans qu’ils soient exposés à voir des citoyens abusés porter sur eux des mains fratricides ? »

No XLVII. (Du 29 mai an 5 juin.) — Le mois de mai était l’époque où d’habitude le roi passait en revue les régiments de gardes françaises et de gardes suisses. C’était moins une revue qu’une partie de plaisir : les femmes de la cour venaient insulter les classes laborieuses par le spectacle de leur luxe insolent ; les colonels aristocrates écrasaient le peuple en caracolant sur des chevaux achetés avec la solde de leurs régiments.

Louis XVI, à la fin de mai 1790, vint au Champ de Mars passer en revue les gardes nationales. On lui fit un accueil sympathique. Le peuple ignorait encore les intrigues du roi, et le croyait honnête.

« Le peuple témoigna une joie douce, et non une folle ivresse. Si l’on eût dit autrefois aux