Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/288

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ami cette éloquence entraînante qui un an auparavant soulevait le peuple au Palais-Royal. « Ô Loustallot, s’écriait-il en finissant, tu soutenais notre courage, tu nous ralliais contre l’ennemi ; qui raffermira maintenant nos cœurs ?… Nous ne te verrons plus, mais du moins nous retiendrons ton souvenir au milieu de nous, nous y placerons ton image… ; tu ne veux d’autre éloge que de nous voir suivre tes traces. Reçois-en ici le serment ; vois tous tes rivaux noblement unis jurer avec moi devant ton ombre sacrée de redoubler de courage, et de ne poser les armes qu’après la défaite des tyrans, de tous les ennemis du bien public, ou de périr s’ils ne peuvent vaincre. »

À ces fières paroles, tous les assistants versèrent des larmes, comprenant la perte immense qu’avait faite la nation. L’éloge funèbre du jeune écrivain devait être présent à l’esprit d’Armand Carrel, lorsqu’il consacra, en termes à peu près identiques, un dernier souvenir à la mémoire de Paul-Louis Courier.

On sait de quelle manière ce serment fut tenu. Sauf Fréron, qui déserta un moment la cause révolutionnaire, après la catastrophe de thermidor, pour devenir le chef et l’idole de la jeunesse dorée, tous les écrivains à qui s’adressait l’orateur des Jacobins restèrent jusqu’à la mort fidèles à la