Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/86

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nête ou criminelle, a détruit toutes les barrières de la morale, et même, pour les grands, toutes celles des lois.

« Le problème que présentent les qualités et les vices des Français s’explique par l’état des hommes en France avant la Révolution ; éloignés, par un gouvernement jaloux et despotique, de toutes les affaires publiques, privés de tous les droits du citoyen et des innombrables jouissances qui y sont attachées, ils étaient forcés de courir après les jouissances privées, de se plonger dans des plaisirs qui leur faisaient oublier leur avilissement, et de faire, pour ainsi dire, assez de bruit pour ne pas entendre la voix de tous les peuples libres qui les accusaient de lâcheté et de prédilection pour l’esclavage.

« Législateurs ! voulez-vous donner des bases solides à votre Constitution, ayez sans cesse les mœurs en vue, et pensez qu’il n’en peut exister de bonnes si tous les citoyens n’ont quelque part active aux affaires publiques… Organisez donc les assemblées primaires de manière que tout citoyen concoure par son opinion au règlement de tout ce qui intéresse le bien commun. »

Mais l’Assemblée ne voulut pas admettre le grand principe du suffrage universel, seule source légitime de l’autorité. Elle le viola deux fois ; furent seuls électeurs ceux qui payaient une con-