Page:Marcet - L’économie politique en vingt-deux conversations, 1837.pdf/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

faite des frais de production, va au propriétaire du sol sous forme de rente, les progrès de l’agriculture ne doivent pas baisser le prix du produit brut, ils doivent augmenter la rente.

MADAME B.

Je vous demande pardon ; vous venez d’observer que le prix du produit brut en général est réglé par ce qu’il en coûte pour l’obtenir des terres de la plus mauvaise qualité, ou le plus mal situées. Plus donc on diminuera les frais de production sur ces terres-là, ou plus on obviera aux défauts de situation, plus aussi le prix régulateur du produit brut sera bas. Les frais de production d’un pain sur une terre pareille, s’élèvent annuellement à douze deniers ; si, par des améliorations dans les travaux de l’agriculture, on venait à réduire ces frais à dix deniers, le pain se vendrait en général à ce dernier prix.

CAROLINE.

Tout cela est très-clair ; mais j’ai quelque regret de voir, qu’à mesure qu’un pays avance vers la richesse, la rente, c’est-à-dire, la part du propriétaire oisif, croit, tandis que le profit, ou la portion de l’industrieux fermier, diminue.

MADAME B.

Ces oisifs propriétaires dont vous vous plaignez, ne font point baisser les profits du capital, et ne font point hausser le prix des produits agricoles. Si vous entendez ce que j’ai dit sur la rente, vous devez savoir que la réduction des profits est occasionnée par la diversité des terrains mis successivement en culture, et que la quantité ou le haut prix naturel des produits agricoles est dû au surplus qui reste après la déduction faite des frais de culture. Si donc on abolissait les rentes, le seul effet qui en résulterait serait de mettre les fermiers en état de vivre comme des hommes d’un état supérieur, puisqu’ils seraient enrichis de toute cette partie du produit de leur ferme qui était auparavant la part du propriétaire.

CAROLINE.

Et ne serait-ce pas un changement fort heureux ? N’est-il pas mieux que ceux qui travaillent deviennent riches, plutôt que ceux qui vivent des fruits du travail d’autrui ?