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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

en concurrence avec eux et vendre à plus bas prix, ils pourraient élever le prix de ces denrées plus haut que ne le comportent les profits accoutumés, et cet excès de profit serait payé sans raison par les consommateurs de thé et de café. La concession d’un monopole est donc, de la part du gouvernement, une fausse mesure ; excepté les cas dans lesquels il peut être prouvé que la gêne imposée est un bien général pour la communauté.

CAROLINE.

Je ne peux pas concevoir un cas où le bien général pût résulter de la concession faite à un certain nombre d’hommes de quelque avantage dont on prive la communauté.

MADAME B.

Donner une patente pour une découverte ou une invention utile, c’est autoriser un monopole à temps qui est décidément avantageux, par l’encouragement qu’il donne au génie, aux recherches, à la persévérance ; qualités très-favorables aux progrès de l’industrie. Mais je m’étonne que vous hésitiez à reconnaître les avantages qui résultent du monopole de la terre ; car ce monopole signifie simplement que la terre n’appartient pas en commun à tout le genre humain, comme la nature l’avait établi, mais qu’elle est exclusivement possédée, vendue, ou transmise par une classe d’hommes particulière ; en un mot, ce n’est pas autre chose que l’établissement de la propriété du sol, dont on ne peut contester l’utilité. C’est peut-être le seul monopole d’une nature permanente que la loi doive sanctionner. Si le monopole s’étendait aux produits de la terre, il participerait à tous les mauvais effets du monopole en général ; il en résulterait une hausse dans le prix, par le défaut de concurrence.

CAROLINE

Mais la terre peut-elle être soumise à un monopole, sans que le prix des produits en soit affecte ?

MADAME B.

Oui ; parce que le produit de la terre dépend moins de la quantité de la terre que de celle du capital qu’on y verse ; et celle-ci qui, en comparaison de l’autre, est illimitée, est libre de tout mo-