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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Par la vente des domaines nationaux, de très-petits propriétaires, dont la terre suffisait à peine à l’entretien de leur famille, purent agrandir leurs fermes. Par-là furent prévenues les suites fâcheuses d’une extrême subdivision du sol. Mais il faut se souvenir, qu’au commencement de la révolution française, les lois restrictives et oppressives, qui arrêtaient les progrès de toutes les espèces d’industrie, furent abolies. Les entreprises agricoles furent en conséquence poussées avec plus de vigueur. Puis, la vente des terres confisquées, à une époque où la possession en paraissait fort mal assurée, les mit à si bas prix, qu’il devint presque aussi facile d’acquérir une terre en France qu’en Amérique, avec cet avantage de plus que ces terres étaient déjà en état de culture. Toutes ces circonstances concoururent à améliorer la condition des petits propriétaires de terre. Le désir d’amasser quelques capitaux, pour les verser sur leurs nouveaux domaines, leur a fait acquérir des habitudes de travail et d’économie, qui sont, pour tout pays, un véritable trésor. Ces petits capitaux qui se forment en France seront sans contredit pour elle une source de prospérité ; mais comme la loi française partage entre tous les enfants, par portions égales, la propriété foncière d’un homme qui meurt sans tester, il est probable, qu’avec le temps, la division de la propriété du sol sera poussée jusqu’au point qui a de si pernicieux effets.

CAROLINE.

Y a-t-il les mêmes objections aux petites fermes qu’aux petites propriétés ?

MADAME B.

À peu près. Ce ne peut être que la pauvreté, qui engage un homme à prendre une très-petite ferme ; et un fermier pauvre ne peut pas faire les sacrifices qu’exige une bonne culture. Les profits que fait un gros fermier le mettent en état d’entreprendre des améliorations ; ceux du petit fermier s’emploient à l’entretien de sa famille ; sa terre est en conséquence mal cultivée, et il a peu ou point de surplus à envoyer au marché.

J’ai vu un exemple du désavantage des très-petites fermes dans une visite que je faisais à un grand propriétaire foncier du Hamp-