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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

sont chers ; on pourrait les échanger pour une plus grande quantité de toute autre marchandise, à l’exception de celles qui peuvent servir à la nourriture.

CAROLINE.

À moins peut-être qu’on ne voulût les échanger contre de la poudre à canon, ou d’autres munitions de guerre, qui, dans une ville assiégée, peuvent n’être pas moins recherchées que les aliments.

MADAME B.

Certainement, les munitions de guerre pourraient en ce cas, croître en valeur comme les munitions de bouche.

La rareté et l’abondance sont donc des circonstances qui affectent beaucoup la valeur des marchandises. Dites-moi si vous entendez le sens de ces mots, abondance et rareté ?

CAROLINE.

Assurément ; quand une chose est en grande quantité, on dit qu’elle abonde ; quand il y en a peu, elle est rare.

MADAME B.

S’il y avait très-peu de blé dans une île déserte, diriez-vous qu’il y a rareté ou disette de blé ?

CAROLINE.

Non, puisqu’il n’y aurait là personne pour en manger, et que par conséquent personne n’en manquerait ; or la disette ou la rareté des grains suppose l’insuffisance.

MADAME B.

Et lorsqu’il y avait, il y a peu d’années, une rareté de blé dans ce pays, croyez-vous que tout le pays en eût produit fort peu ?

CAROLINE.

Non, mais moins qu’il n’en fallait pour nourrir de pain tous les habitants.

MADAME B.

Abondance et rareté ou disette sont des termes relatifs ; la rareté ou la disette ne signifie pas une petite quantité, ni l’abondance une grande quantité ; la première marque quelque insuffisance, ou une