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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Pour éviter cet inconvénient, il devint nécessaire que tout homme eût une marchandise que chacun voulût recevoir, en tout temps, contre les siennes. C’est de là qu’est venue la monnaie, cet utile représentatif des marchandises, exclusivement approprié aux échanges, et que chacun, par cette raison, est prêt à recevoir ou à donner à ce titre.

CAROLINE.

Quand le boulanger n’avait pas besoin de viande, il prenait la monnaie du boucher en échange de son pain, parce que cette monnaie le mettait en état d’obtenir des autres ce dont il avait besoin.

MADAME B.

On a employé diverses marchandises comme monnaie. M. Salt, dans ses Voyages en Abyssinie, nous apprend que dans ce pays-là, on se sert de sel en guise de monnaie, parce que la monnaie métallique y est fort rare. Un pain de sel, pesant deux ou trois livres, était estimé un trentième de dollar.

CAROLINE.

Combien doit être embarrassant l’usage d’une monnaie aussi volumineuse. Il en doit coûter autant pour la transporter à quelque distance, que le sel même peut valoir.

MADAME B.

Une telle monnaie ne peut être en usage que dans un pays où il y a peu de commerce et où le travail est à très-bon marché, te tabac, les coquilles, et une multitude d’autres choses, ont été employées en différents temps, et en différents lieux, comme moyen d’échange ; mais rien n’a jamais si bien répondu au but que les métaux. Ils sont de toutes les marchandises la moins périssable ; ils sont susceptibles, par le procédé de la fusion, de se diviser en parties, autant qu’on le veut, sans perte ; et comme ils sont plus pesants que les autres corps, ils occupent moins de place. Toutes ces propriétés les rendent singulièrement propres au commerce et à la circulation.

CAROLINE.

L’usage des métaux comme monnaie doit être fort ancien, car il