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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

manière abstraite est hors de la portée de leur intelligence. L’enfance est le temps de semer, il ne faut pas forcer la récolte ; mais bien attendre la saison convenable, pour qu’elle soit abondante et à son point de maturité.

CAROLINE.

Hé bien, ma chère madame B., que dois-je faire ? Vous savez que j’aime l’instruction, et que je ne redoute pas l’application qu’elle exige. Vous pouvez vous souvenir du plaisir que je pris à l’étude de la chimie. Si je croyais que celle de l’économie politique fût aussi intéressante, sans être plus difficile, je vous prierais de me mettre sur la voie. Donne-t-on des cours sur ce sujet, ou peut-on prendre des leçons de quelque maître ? Car s’il s’agit de l’étudier dans les livres des savants, je suis rebutée par l’appareil des termes scientifiques. Quand le langage est aussi neuf que le sujet, on a trop d’obstacles à surmonter en commençant.

MADAME B.

La langue d’une science en est souvent la partie la plus difficile ; mais dans l’économie politique, il y a peu de termes techniques, et vous les entendrez aisément. Vous avez même déjà un certain fonds de connaissances acquises sur ce sujet ; mais ce sont des notions confuses et irrégulières ; c’est un mélange d’erreurs et de vérités, tel que votre tâche sera moins d’acquérir de nouvelles idées, que de choisir, de diviser, et d’ordonner celles que vous avez déjà. Je ne peux vous indiquer un maître ; il n’y en a point ; peut-être parce qu’il n’y a point d’élèves. Ceux qui veulent étudier l’économie politique, lisent les livres écrits sur ce sujet, en particulier l’ouvrage d’Adam Smith. On a donné quelquefois des cours d’économie politique dans quelques universités, entr’autres à Édimbourg ; et il y a, en conséquence, plusieurs étudiants versés dans cette science, parce qu’ils s’en sont occupés à l’âge où l’esprit est encore libre de préjugés.

CAROLINE.

Mais enfin que puis-je donc faire ? Je ne peux pas suivre les cours dont vous parlez ; et je crains bien de n’avoir jamais le courage de lire des traités qui m’ont paru si difficiles.