Page:Marcet - L’économie politique en vingt-deux conversations, 1837.pdf/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

Cette augmentation de demandes aiguillonne l’industrie du fermier et du fabricant, et ils s’enrichissent en satisfaisant à ce qu’on attend d’eux. Leur consommation augmente avec leur richesse ; car les besoins croissent avec les moyens d’y satisfaire, et en ajoutant à son revenu on ajoute presque toujours à sa dépense. Le fermier a en plus grande abondance de quoi satisfaire aux demandes du manufacturier ; le manufacturier, aux demandes du fermier ; en sorte que chacun est en état de donner et de recevoir un plus grand nombre de choses en échange. Ces échanges, il est vrai, se font par l’entremise des marchands, et au moyen de la monnaie ; mais ce n’en sont pas moins des échanges effectifs de marchandises, tout comme si le manufacturier donnait directement au fermier des vêtements en échange pour des vivres. L’augmentation des choses vénales affecte de la même manière toutes les classes de la société. Le propriétaire de terres voit croître sa fortune par l’augmentation de ses rentes, que l’état prospère de l’agriculture permet au fermier de lui payer ; et la condition de l’ouvrier est améliorée par la hausse de ses salaires, qui est l’effet d’une demande de travail croissante. En un mot et pour présenter l’effet dans son ensemble, comme la quantité des marchandises est accrue, chaque consommateur, qui a quelque part au produit, ne peut manquer de trouver cette part accrue.

CAROLINE.

Je commence à comprendre l’avantage général du commerce. Celui de détail doit avoir les mêmes bons effets. Il serait fort incommode aux riches, et impraticable aux pauvres, d’acheter les choses dont ils ont besoin en aussi grandes masses que les vendent les marchands en gros. S’il n’y avait pas de bouchers, par exemple, chaque famille se verrait forcée d’acheter du fermier un mouton ou un bœuf tout entier.

MADAME B.

Le commerce de détail est une des plus utiles subdivisions du travail. Rien de plus désirable pour les pauvres, qui vivent de leurs salaires du jour ou de la semaine, que d’avoir la faculté d’acheter leurs vivres en aussi petite quantité qu’ils veulent.

CAROLINE.

J’ai cependant éprouvé souvent un vif regret de voir le haut prix