Page:Marcet - L’économie politique en vingt-deux conversations, 1837.pdf/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Je dirais donc plutôt que ce sont les choses que nous désirons acquérir avec notre argent, comme la terre, les maisons, les meubles, les habits, les aliments, etc., qui constituent la richesse, et non l’argent avec lequel on les acquiert.

CAROLINE.

Certainement : ce sont là véritablement les choses qui constituent la richesse réelle ; car si l’or et l’argent ne nous procuraient pas les choses nécessaires à la vie, ils ne nous seraient d’aucune utilité.

MADAME B.

Nous pouvons donc dire que la richesse comprend tout objet d’utilité, de commodité, ou de luxe. Cela renferme tout ce qui étant l’objet de nos désirs, peut devenir un article de commerce ; tels sont les fonds de terre, les maisons, les produits de l’agriculture, ceux des manufactures, les vivres, les animaux domestiques, en un mot, tout ce qui peut contribuer au bien-être et aux jouissances des hommes.

CAROLINE.

Pourquoi bornez-vous votre définition de la richesse aux choses qui peuvent devenir des articles de commerce ?

MADAME B.

Parce qu’il y a plusieurs pays où la terre produit spontanément des choses qui ne peuvent être ni consommées ni vendues, et quoique ces choses eussent beaucoup de valeur pour nous, si nous pouvions les obtenir ; elles ne peuvent pas, dans leur état actuel, être envisagées comme une richesse. Les troupeaux de bétail sauvage, par exemple, qui paissent les riches pâturages appelés Pampas, dans l’Amérique méridionale, sont dans ce cas. Plusieurs de ces vastes étendues de terre sont inhabitées, et le bétail qui erre au loin est de nulle valeur. De temps en temps quelques troupes de chasseurs y font des incursions, et tuent quelques bêtes pour en avoir la peau et la graisse, tandis que la chair, qui nous semblerait plus précieuse, est abandonnée et tombe en pourriture, ou bien est employée en guise de combustible, à fondre la graisse ; celle-ci, convertie en suif, se transporte aux lieux où il se vend et se con-