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CONTES POPULAIRES

lorsqu’il est bien cultivé, il produit pendant plusieurs années de suite de superbes récoltes sans demander à être fumé.

— Cela nous paraît fort étrange ici, dit madame Hopkins.

— Cependant il est assez probable que toute espèce de terrain a été mise en culture de la même manière. On a commencé par labourer la première qualité, puis la seconde, ensuite la troisième, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne soit resté que la plus mauvaise, qu’il faut nécessairement engraisser, si l’on veut en tirer parti. Mais les bois d’Amérique qui datent de la création du monde…

— Non pas, interrompit madame Hopkins, ils ne remontent qu’à Noé, car ils ont dû être détruits par le déluge.

— Peu importe, reprit John impatienté, tu me fais perdre ce que je voulais dire… Ah ! j’y suis ! Les arbres de ces bois perdent leurs feuilles chaque année, et comme il n’y a là personne pour les relever, elles restent sur la terre où la pluie les pénètre, et elles forment un engrais qui nourrit le sol ; quand une fois on a coupé les arbres, labouré et ensemencé la terre, elle produit de superbes récoltes.

— Mais comment se fait-il qu’un si beau pays soit inhabité ?

— Parce qu’il est si éloigné que pendant longtemps on en a même ignoré l’existence. Les marins disent qu’autrefois pas un d’eux ne se serait hasardé sur une mer inconnue ; ils n’étaient pas si habiles navigateurs qu’à présent, et les vaisseaux n’étaient pas si bien construits. Quant aux bateaux à vapeur, on en ignorait complètement l’usage.

— Et comment a-t-on découvert l’Amérique ?

— Il y a environ trois cents ans qu’un nommé Christophe Colomb, un brave jeune homme, se mit en tête d’aller à la découverte d’un nouveau monde. Il fréta un vaisseau, s’embarqua sur les mers inconnues, et navigua jusqu’à ce qu’il atteignît cette terre, qui était l’Amérique.

— Oh ! qu’il dût être heureux lorsqu’il aperçut cette terre ! s’écria madame Hopkins ; car c’était une entreprise hardie, et il aurait pu périr en chemin.

— Sans doute, c’est ce que craignit son équipage ; aussi il y eut un moment où ses gens se révoltèrent et voulurent le jeter à la mer ; mais il leur demanda d’attendre encore trois jours, au bout desquels, si on n’apercevait pas la terre, il leur promettait