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CONTES POPULAIRES

s’approche pour quelques parties du pays. Je sais de bonne part, John, que si les choses vont mal ici, c’est bien pire ailleurs ; c’est ce qui me console un peu.

— Tant mieux pour vous, si cela vous fait du bien ; mais, à mon avis, c’est une triste consolation que celle qui nous vient de la détresse de nos voisins.

— Quant à cela, reprit Stubbs, il n’est pas question de notre voisinage, car je parle des comtés du sud de l’Angleterre, et c’est à quelques centaines de milles d’ici.

— Monsieur Stubbs, dit madame Hopkins, l’Écriture nous enseigne qu’il faut aimer notre prochain comme nous-mêmes, et le prochain, nous dit le pasteur, c’est non-seulement le voisin d’ici à côté ou celui de la ville voisine, mais nous le trouvons partout et dans chaque homme que nous rencontrons ; ainsi, nous ne devons pas nous réjouir de ce qu’il peut arriver de fâcheux à nos voisins.

— Comment se paie la taxe des pauvres dans le sud ? demanda John.

C’est ce que je vous dirai, reprit Stubbs, si votre femme a fini son sermon. Les hommes sont payés d’après le nombre de leurs enfants, et non d’après l’estimation de leur travail.

— Je vous demande pardon, monsieur Stubbs, vous avez dit précédemment que les fermiers s’informaient plutôt du talent d’un ouvrier que du nombre d’enfants qu’il peut avoir, et qu’ils s’embarrassaient peu qu’il fût garçon ou marié.

— Sans doute ; mais laissez-moi achever mon histoire. L’ordre de choses dont je vous parle a commencé dans le Berkshire. Les magistrats, trouvant qu’il n’était pas juste que le célibataire et l’homme marié eussent le même salaire, et ne pouvant pas obliger les fermiers à payer l’un plus que l’autre, résolurent d’établir la différence au moyen de la taxe des pauvres. Ils firent un tableau du taux des salaires, en disant : « Il faut tant pour entretenir un homme seul ; » puis ils doublèrent la somme pour un homme marié avec un ou deux enfants, et ainsi de suite, l’augmentant à proportion du nombre d’enfants.

— C’était bien imaginé et fort humain de la part de ces magistrats, dit madame Hopkins ; je ne croyais pas que ces messieurs entrassent dans de pareils détails.

— Attendez de savoir ce qui arriva, ma bonne dame, et alors,