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TOUJOURS LE LUXE

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Avant de laisser ce sujet des couvents, il me reste à signaler d’autres abus où l’orgueil entraîne un grand nombre de familles.

Sur toutes les élèves qui apprennent les arts d’agrément, le dessin, la peinture, le piano, la harpe, la guitare, combien en est-il à qui ces choses profiteront et pour lesquelles un pareil enseignement ne soit pas une charge aussi onéreuse que superflue ?

Beaucoup de petites filles, sans y apporter la moindre application, exigent de leurs parents qu’ils leur fassent apprendre tout cela, afin de n’être pas dans une condition d’infériorité vis-à-vis de leurs amies opulentes.

Le temps qu’on perd ainsi à des occupations pour lesquelles on n’a aucune aptitude pourrait être consacré avec plus d’avantage à cultiver d’autres talents, fussent-ils plus modestes. Chacun a les siens, et les parents, mettant de côté toute vanité puérile, devraient s’appliquer à développer chez leur enfant la faculté dominante.

Qu’obtiennent-ils autrement ? Des sujets comme on en voit tant, qui possèdent sur une foule de choses des notions nuageuses : qui pianotent, barbouillent sur porcelaine, déclament, c’est-à-dire récitent fort mal les vers, et, en somme, n’excellent en rien.

Il faut surtout considérer comme un fléau l’invasion de la musique dans les plus humbles missions de la campagne. Qu’est-ce qu’une fille de fermiers, riche ou non, dont le sort est de devenir fermière et le devoir de se consacrer à des occupations pratiques peut bien faire de la science musicale au milieu de ses graves et nombreux soucis ?