Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
LA FEMME DANS LA FAMILLE

ces d’une bonne à tout faire se payent relativement bon marché, et le temps perdu à remplir ses triviales attributions seraient incontestablement mieux employé par la femme qui a charge d’âme, à s’instruire pour diriger celles qui lui sont confiées.

Mais, me dira-t-on, quelque minime que soit le prix représenté par le salaire d’un domestique, dans un grand nombre de cas la modicité des revenus ne permet pas à la maîtresse de maison d’en faire le sacrifice.

Eh bien, voilà encore une meilleure raison pour que la pauvre créature sur laquelle retombent de si lourdes charges soit dispensée de tâches qui ne conviennent ni à sa dignité ni à la faiblesse de son sexe.

Des fils bien nés, du reste, n’accepteront jamais de leur mère certains services, et l’homme qui a quelque honneur et le moindre respect pour sa compagne ne tolérera pas qu’on lui laisse le soin de besognes pénibles qui ne sont qu’un jeu pour la force masculine.

Et tenez — puisque j’ai commencé à parler de bottes — la mère qui, privée de serviteurs, exige de ses écoliers qu’ils nettoient leurs chaussures avant de se coucher et ne partent pas le matin pour leur travail sans avoir fait leur petite part de la besogne, cette mère n’en est pas moins chérie des siens.

Les égards qu’elle se fait rendre ont pour effet d’augmenter le prestige de son autorité.

Mieux que des préceptes et des réprimandes, ils enseignent aux enfants à honorer ceux à qui ils doivent la vie.

Quel détestable préjugé portent quelques parents dans les familles pauvres à asservir la femme au sexe fort, qui devient alors et naturellement le sexe tyrannique ; car avez-vous vu souvent des gens à qui on permettait d’abuser, ne pas user — à tout le moins — de la permission ?

Dans les maisons où l’on ne peut pas garder de serviteurs, la mère et les filles sont très souvent de pauvres