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NOS TRAVERS

Notre pays assurément y gagnerait. Nos villes peut-être ne pulluleraient pas d’avocats médiocres ; l’on verrait dans les campagnes un plus petit nombre de médecins d’une ignorance désastreuse, de tabellions solennels dont les actes de ventes ou les rédactions de testaments engendrent les procédures contentieuses ; la classe de parasites, cherchant à vivre de la politique, et visant à la députation, non pas comme à un poste honorable où l’on peut se rendre utile à son pays, mais pour y recueillir dans l’oisiveté toutes les immunités que le peuple donne à ses représentants — et, qui sait, d’autres privilèges qu’il ne leur donne pas — cette classe n’existerait peut-être pas.

Si, au lieu de jeter tout ce que nous avons de forces intellectuelles dans une ou deux voies bien encombrées, on s’efforçait de les diriger vers l’Industrie et cette bienheureuse Agriculture, nos terres se défricheraient, le grenier national s’emplirait, le budget québéquois connaîtrait enfin les douces lois de l’équilibre, et pour nos entreprises publiques nous arriverions à nous passer du concours des étrangers.

Le conseil s’applique naturellement à la haute et à la riche bourgeoisie, qui ne doit pas hésiter à faire de ses fils de bons cultivateurs ou d’habiles artisans si leurs aptitudes naturelles se manifestent dans ce sens.

Tout le monde ne peut pas être juge, ministre ou évêque.

Il vaut mieux gagner honorablement son pain dans la plus humble des positions que de s’exposer, en entreprenant une lutte disproportionnée à ses forces, à devenir un raté, et que de se résigner à vivre du patrimoine paternel au détriment des autres membres de la famille.

L’équité des parents ne doit pas leur permettre de se faire illusion sur ce sujet. Pour nous, ce que nous venons réclamer dans cette question de privilèges c’est la protection de la femme.