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LA MANIÈRE D’ÊTRE HEUREUX

d’avoir son salon rempli de bibelot, des tentures dans toutes les portes de sa maison et les murs de sa chambre recouverts de mille objets dont l’époussetage, les jours où l’on nettoie, est un exercice requérant habileté, patience et longueur de temps.

Quand on a le moyen de garder plusieurs domestiques qui se divisent la besogne, c’est très bien : mais si l’on ne paie qu’une servante, il faut simplifier davantage.

Simplifier, vous dis-je, tout est là. Vous le pouvez sans compromettre en quoi que ce soit votre confort ni le décorum de votre maison.

Je suis de celles qui tiennent absolument à cette étiquette de la famille qui est d’une influence si salutaire sur les manières des enfants et leur conduite. C’est pourquoi je lui sacrifierais les mille détails inutiles dont on embarrasse le plus souvent l’unique servante qu’on peut garder afin d’assurer un service plus parfait et plus régulier : le ménage qui s’accomplit en une heure dans une maison simplement garnie dure quelque fois la matinée entière dans d’autres où les soins indispensables de propreté s’accompagnent de minuties sans nombre.

Je sais qu’en pareil cas la maîtresse de maison prend souvent à sa charge ou confie à ses filles la partie délicate du ménage, mais quelle source d’ennuis et de scènes domestiques que ce labeur interminable !

Il prend le temps des occupations profitables à l’intelligence des jeunes filles et à celle de la mère. Il double les tracas et les responsabilités déjà si grandes de celle-ci.

Aussi, quand le chef de la famille rentre chez lui pour trouver au foyer l’ordre et la gaieté, constate-t-il trop souvent que le premier n’y règne qu’aux dépens de la seconde. Des figures allongées, des mines fatiguées frappent d’abord ses yeux, puis ses oreilles reçoivent des récriminations au sujet du fardeau écrasant d’une maîtresse de maison, sur la lenteur, l’inhabileté