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NOS TRAVERS

des serviteurs et le peu d’application de ses propres filles à l’art d’épousseter.

Et si de son côté il risque de timides observations touchant la négligence de ces demoiselles à cultiver d’autres arts dont l’enseignement lui coûta beaucoup d’argent, on a bientôt fait de lui rire au nez.

En vérité, il est bien question de cela. Quand on a fini de vaquer à l’inspection des marmites, au nettoyage des carreaux et à mille autres emplois aussi peu poétiques et sans cesse renaissants de la vie domestique, emplois auxquels viennent encore se joindre les devoirs sociaux, on voudrait bien savoir s’il reste du temps pour les occupations d’un ordre plus élevé !

Le pauvre père après de pareilles tirades n’a plus qu’à rougir de ses prétentions exorbitantes, à s’apitoyer sur le sort des victimes qui l’entourent et à se désespérer de voir tous les siens malheureux en dépit de ses efforts pour assurer leur contentement et leur tranquillité.

Assurément, le lot d’une mère de famille par le temps qui court est singulièrement pénible. L’assistance, le dévouement des fidèles serviteurs qui ne manquèrent jamais à nos mères lui font totalement défaut. Force lui est donc de conformer sa vie à cette triste particularité de notre époque, de la dégager des superfluités qui en font pour tous les membres de la famille un tissu de misères.

Il y aurait ainsi beaucoup à retrancher sur la toilette, le luxe de l’ameublement, la manière de recevoir.

Qu’on ait donc le courage d’habiller simplement ses enfants et d’offrir à ses amis une hospitalité compatible avec ses moyens de fortune. Quel déshonneur y a-t-il à offrir une simple tasse de café à vos invités quand vos ressources ne vous permettent pas de leur servir toute la variété des fines liqueurs ? Ce dont il faut rougir c’est de ruiner son mari ou de ne pas payer ses det-