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LES ENFANTS GÂTÉS

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La condescendance outrée envers nos « chers petits » vient du plus pur égoïsme.

Pourquoi bourre-t-on un malheureux marmot de pâtisseries, de bonbons et de fruits au détriment de la tranquillité de son sommeil, du frais coloris de ses joues duvetées et de l’éclat nacré de ses quenottes ? Pourquoi comble-t-on, devance-t-on même ses moindres désirs, ses plus extravagantes fantaisies ?

Uniquement pour se donner à soi-même une jouissance ; pour s’offrir le spectacle de cette joie enfantine, intense et complète, si délicieuse à la vérité, si bonne à voir.

Mais ces petites lâchetés sont payées trop cher à la fin. Elles rendent d’avance toute règle impuissante, font des exigeants, des égoïstes et enlèvent à la jeunesse le sens pratique de la vie.

Une discipline, une règle, un système, voilà le nerf de toute éducation sérieuse. On ne pourrait sans injustice reprocher aux mères canadiennes de manquer de bonne volonté, car elles sont des modèles d’abnégation, ne comptant pas leurs peines et se tuant souvent dans l’ardeur de leur zèle à assurer le bonheur de leurs enfants. Quel dommage qu’un si beau dévouement se trompe quelquefois de chemin ! Voit-on tout le bien que pourraient produire d’aussi courageux efforts inspirés seulement par un principe supérieur. Celui qui guide leur conduite généreuse est trop souvent erroné en ce qu’il tend à éviter tout sacrifice à leurs petits élèves et à ne leur refuser aucune jouissance n’offrant