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ANGLOMANIE

sont déceptives. » Celles-là, abandonnons-les à la nationalité qui veut bien les réclamer ou les souffrir.

On cèderait à bon compte également à qui voudrait le prendre le parfait club-man, sportsman, bicyclist, anglomane, qui ne saurait être que cela.

Si ces âmes frivoles et serviles étaient en majorité parmi nous, par exemple, la nation canadienne-française lutterait en vain pour le maintien de ses prérogatives. Car ce sont là de ces proies malavisées qui s’offrent d’elles-mêmes à toutes les exploitations.

Entre l’excès d’anglomanie et celui de déloyauté nous avons, nous Canadiens-Français, une conduite à suivre.

La fidélité au drapeau qui nous abrite et nous protège, nous laisse le devoir de rester attachés à nos souvenirs, à notre langue, à notre religion. C’est si vrai que les gouverneurs anglais du Canada, et des plus éminents, ont encouragé ce sentiment patriotique qui fait honneur à notre peuple.

Qu’est-ce que c’est qu’une nation qui renie son sang, son passé, ses aïeux ?… Et qui donc s’honorerait de compter parmi les siens pareils ilotes ?

Nous semblerions au monde une race bien dégénérée si nous permettions à nos enfants d’oublier les noms des Champlain, des La Salle, des d’Iberville, si, volontairement, nous laissions périr la gloire de ces grands Français qui taillèrent à la France, de la pointe de leur épée, de magnifiques royaumes à même le continent nouveau.

Des dépouilles de ces héros, de grandes nations en ont fait leur fortune. Si les peuples se parent des débris de l’héritage français, soyons fiers des glorieux ancêtres qui les leur ont valu.

Et pardonnons ensuite aux pauvres anglomanes qui ne savent pas ce que furent leurs pères.


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