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HÉRITAGES ROYAUX

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Un des prétendants au trône de France vient de mourir.

— Un de moins ! direz-vous. Pardon, cela en fait deux de plus.

Ce qui prouve une fois encore que le rêve vaut mieux que la réalité, c’est le nombre croissant des aspirants à ce trône mystique. Jusque dans notre ère de démocratie, cette royauté hypothétique et nuageuse, met une auréole au front de ses nombreux postulants. Elle tente même d’ambitieuses et plébéienne personnalités.

Aiguillonné par l’exemple et la fortune d’un premier usurpateur, un général surgira de temps à autre pour briguer le suprême honneur d’asservir à son tour une nation indépendante. Il rentre ensuite, ses plans déjoués, dans les rangs des illustres victimes ; il joint ses soupirs aux augustes gémissements de tous les prétendants molesté qui errent hors frontières. Il ne lui manque pas même le salaire dû à ses hautes aspirations — salaire qui le met sur un pied d’égalité avec ses co-affamés de pouvoir — : la proscription et l’exil.

Rien ne manque, du reste, à la ressemblance, pas même l’opiniâtreté invincible et phénoménalement égoïste.

C’est ainsi qu’un Boulanger se paiera le luxe d’un successeur et lui transmettra, sans rire, la précieuse investiture.

Avec la gravité tragique d’un Chambord ou d’un Napoléon abdiquant, il léguera lui aussi le peuple français à un drôle quelconque qui ne manquera pas de se pren-