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Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/20

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NOS TRAVERS

sa lampe avant de se mettre en marche. Mais le guide de notre raison, nous l’avons dit, ne se trouve pas toujours en nous. L’inspiration nous vient souvent sous forme de bons conseils.

Le consolateur, le conseiller toujours prêt, le plus aimable des compagnons dans les moments d’anxiété ou de tristesse, c’est un beau et bon livre. Voilà l’ami parfait dont les bienfaits demeurent, après qu’il est parti.

C’est le miracle de la bonté de Dieu que toutes les beautés de l’univers, le charme de pays inconnus, la jouissance d’arts que nous ignorons nous soient rendus sensibles par de simples signes marqués sur une page blanche. Les conceptions des plus hauts génies deviennent, au moyen du livre, les hôtes de nos humbles cerveaux, les pensées des saints se répandent, pénètrent tout doucement dans les âmes et les trésors de l’esprit humain deviennent accessibles aux déshérités.

Il faut lire. Nous serions insensés si nous nous détournions du spectacle qui nous est offert ; nous serions blâmables de refuser les secours qui nous viennent par l’intermédiaire de ces précieux amis : les livres.

Ne regrettons pas les quelques sous consacrés à les acquérir. Ce sont des messagers de joie. Après vous avoir charmée ou consolée, ils vont ailleurs accomplir leur bonne mission. Partout où se déploient leurs ailes blanches, il s’en échappe du bonheur.

Tant qu’un livre subsiste, il garde son âme, sa vertu magique. Lors même qu’il est flétri, ruiné à moitié sous l’usure des doigts qui l’ont feuilleté, quelque rêve, un peu d’idéal gît encore dans ses lambeaux, prêt à surgir pour illuminer une âme. N’y eût-il qu’une phrase intacte sur le dernier débris, cette pensée, vivante jusqu’à la mutilation finale, peut encore semer dans une existence, la graine utile, mère de moissons abondantes.

Le plus beau cadeau qu’on puisse faire à quelqu’un