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DÉVELOPPEMENT DE LA LITTÉRATURE NATIONALE

ne reste presque rien pour les divertissements de l’esprit.

Comme résultat de l’indifférence générale, enfin, les lettres canadiennes font relativement peu de progrès. Je ne pense pas qu’en ce pays un écrivain ait jamais pu vivre du produit de ses ouvrages.

S’il existe quelque espoir pour nous d’atteindre un niveau plus élevé dans l’histoire littéraire de notre temps, il n’est pas trop tôt pour inaugurer la réaction et pour songer à combler nos nombreuses lacunes.

La culture des arts est peu avancée dans notre patrie, parce que nous sommes un « jeune pays. » Cette vérité, comme le fait observer M. Arthur Buies, est en honneur depuis près de quatre siècles.

Sir William Hingston, dans un ouvrage bien connu, publié en 1884, déclare que la statistique a démontré combien « le climat du Canada est favorable à la santé et à la longévité de la vie. » (On sait en effet que nos prédécesseurs, MM. les aborigènes, et que la faune incomparable qui habitait ces régions, furent de magnifiques spécimens de vigueur physique.)

« Le temps prouvera, ajoute notre biographe, qu’il est également propice au développement intellectuel. »

L’affirmation est rassurante sans doute, mais il faudrait demander à l’auteur de « Notre Climat, » si ce « temps » dont il parle suppose quatre autres siècles.

Nous ne sommes pas encore sevrés du besoin des gâteries et des indulgentes concessions. Nous tenons à nous appeler un pays « neuf, » une « jeune » nation. Nous avons un art « novice », une littérature « débutante », et même… l’Industrie au berceau (« infant industry », dans le langage politique).

Le moment n’est-il pas arrivé d’abandonner la nursery ?

Mais le pouvoir d’élever dans le monde le crédit de ma cliente, est entre les mains des propriétaires de