Aller au contenu

Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Prenons garde qu’elles ne dédaignent cette belle existence à laquelle peut-être la Providence leur fait la faveur de les appeler et dont plus d’une citadine leur envie la douce liberté, le calme et l’indépendance.

Pour moi rien n’est au-dessus du cultivateur. Je salue avec respect sur le seuil de leurs demeures ces braves familles qui vivent au sein de la belle et honnête nature, dans la pure atmosphère des champs, plus près de Dieu que nous. Pour un de leur jour serein et laborieux je donnerais un mois de nos vaines agitations.

Enseignons aussi à nos fils, s’ils sont nés au milieu des champs, qu’un brevet de médecin, d’avocat ou de notaire ne les élève pas. Qu’ils soient fiers de recueillir la succession paternelle et qu’ils n’avilissent pas, en la méprisant, une profession qui n’a pas de supérieure.

Instruisons-nous, si nous voulons et sachons, en la relevant, faire de l’agriculture, l’aristocratie de notre peuple.

C’est d’elle, aussi bien, que nous vient ce que nous avons de meilleur. C’est des réserves de nos campagnes, c’est du sein de leurs familles patriarcales que surgissent constamment les hommes qui font l’honneur de notre pays.

Si l’on a le bonheur d’y appartenir, restons-y attachés. Ne changeons pas de barque.

Prions plutôt que les malheureux galériens des grands centres songent à quitter leur bord pour devenir de joyeux nautoniers voguant entre les rives fleuries d’un ruisseau campagnard.