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AUTREFOIS

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Ah autrefois ! C’est le mot, c’est le soupir, c’est l’arrêt des bonnes gens au chef branlant et dépouillé de cheveux comme de toute « illusion » (c’est ainsi que s’appelle la jeunesse quand on l’a perdue).

À les entendre rien n’est bon que ce qui n’est plus.

— Jadis, nous ressassent-ils, ce n’était pas comme aujourd’hui…

— C’est pas dommage ! risquera là-dessus quelqu’insolent toupet qui, s’il est issu du crâne dénudé, ira se coucher pour avoir fait cette remarque irrévérencieuse.

— Jadis, reprendra le philosophe au front sans limites, on savait s’amuser. Les plus sages conservaient une fraîcheur de sensation, une certaine candeur qui vous ferait sourire vous autres les belles perruques d’aujourd’hui !

Tenez, pour ne parler que des fêtes de Noël et du Jour de l’An — puisque justement nous y sommes — quelle fièvre, quel enthousiasme on apportait à leurs préparatifs !

Cela commençait un mois à l’avance. Tout le long de l’Avent, qu’on avait encore l’ingénuité de considérer comme un temps de pénitence, on était tourmenté et réjoui tout à la fois, par la vue des précieuses réserves accumulées pour le carnaval. Ah ! la franche gaieté qui s’allumait dans la veillée de Noël !

La messe de Minuit avec son carillon, ses chants poétiques et son touchant mystère était la brillante ouverture de la saison des Fêtes. Emporté par l’émotion