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LE CÉLIBAT

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On devrait peut-être excuser l’erreur des célibataires, considérant que, selon le mot de saint François de Sales, ils font à coup sûr des heureuses — celles qu’ils n’épousent pas… et cependant, le mal que ces oisifs du cœur se font à eux-mêmes et à la société est trop considérable pour qu’on les absolve de s’éloigner systématiquement de la ligne droite, c’est-à-dire du « saint état. »

Le mariage ne s’appelle ainsi que pour insinuer, de par la logique des antithèses, que le célibat est le contraire. Cette dénomination est un blâme implicite pour ceux qui ont adopté la voie détournée.

Puisque l’on a inventé la loi des cent acres, il est évident que notre jeune pays n’a pas encore les moyens de tolérer dans son sein, une classe d’individus absolument inutile — économiquement parlant.

Si nos législateurs sont conséquents, ils se souviendront, pour y conformer leurs édits à venir, que l’Évangile voue aux flammes certains arbres ne servant qu’à l’ornement.

Nous n’allons pas jusqu’à demander l’extermination en bloc d’un groupe intéressant et perfectible. Pour citer de nouveau la Bible, nous ne voulons pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse.

On pourrait à tout le moins, pour accélérer cette conversion, lui rendre en attendant la vie dure en le grevant, par exemple, d’une taxe onéreuse conformément à l’avis de Platon célibataire lui-même, mais timoré, ou en l’excluant de toute charge, de tout honneur pu-