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LES DÉMONSTRATIVES

autorise le public à associer votre nom à celui de l’homme que vous distinguez et auquel vous donnez ainsi le témoignage d’une éclatante préférence.

Quelques jeunes personnes, probablement à l’insu de leurs parents, prennent l’habitude de téléphoner à leurs amis. C’est s’exposer à devenir importune, et c’est au surplus dépouiller toute prétention à l’indépendance. Sans la moindre fatuité, celui dont vous recherchez à ce point la conversation peut se croire tout-puissant sur votre cœur.

Cela fait aux témoins, à l’autre bout du téléphone, un singulier effet d’entendre un monsieur répondre après le banal hallo : — « Ah, c’est Mademoiselle X… ! Eh bien ? »… On pense en soi-même : Elle a du toupet cette Mademoiselle X…

La réputation d’une femme est comme ces objets fragiles qui se flétrissent au toucher. Quand le nom d’une jeune fille est constamment mêlé à tous les événements du jour, aux petits potins de la rue, elle en est comme diminuée.

Si le fait de se laisser accompagner dans ses courses ou promenades par un jeune homme constitue une faveur, on ne saurait admettre que celle qui l’accorde s’écarte de sa route d’un seul pas au bénéfice de son heureux chevalier.

C’est montrer une bonté excessive que de reconduire à son bateau, dans les places d’eau, ou à la gare, un visiteur masculin. Un fiancé même ne peut exiger de sa promise une aussi grave concession.

La femme des temps anciens suivait son maître sur les routes pour le servir et porter ses fardeaux. Il ne tient qu’à elle aujourd’hui de n’avoir à ses côtés qu’un esclave volontaire et tendrement dévoué à sa personne, mais encore faut-il qu’elle s’en tienne à son rôle et ne s’oublie pas jusqu’à se mettre à la remorque des seigneurs de sa suite.

La dernière démonstration d’une confiance intem-