Page:Marchant de Beaumont - Le conducteur au Cimetière de l'Est, 1820.djvu/12

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cet état abject, les ames, auxquelles ils furent unis, jouissent déjà du fruit de leurs œuvres : vertueuses, elles sont récompensées ; injustes, punies de leurs crimes. De leur mérite dépend la considération due à la cendre qu’elles animèrent, aux monumens eux-mêmes qui la conservent. Des tombeaux fastueux, de pompeuses épitaphes, peuvent attirer l’attention ; mais s’ils sont vides de touchans souvenirs, ils ne sauraient intéresser ni l’esprit ni le cœur. Combien ils acquérraient de prix si, devant eux, l’on voyait se dérouler la trame de la vie des mortels dont ils contiennent la dépouille ! Il n’en est aucun devant lequel on n’apprît à bien vivre : aucun ne se trouverait dénué d’utiles exemples ou de grandes leçons. Du silence de la mort, du sein de la tombe elle-même, sortiraient des voix