Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/136

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gea les dessinateurs employés par M. l’abbé de Saint-Non. Dans le Voyage pittoresque de Naples et de Sicile, il en écrivit les descriptions et l’histoire. Cet ouvrage obtint un grand succès. M. Denon, revenu à Paris, se fit recevoir à l’Académie de peinture, comme graveur, sur une production très-médiocre : mais il était gentilhomme. Son goût pour les arts le rappela à Venise, dont il étudia, pendant cinq ans, l’école. La révolution faisait abhorrer le nom français de tous les états despotiques. L’inquisition du palais de Saint-Marc l’expulsa du territoire vénitien. Il se réfugie à Florence, il en est chassé ; il espère trouver au moins un asile sûr dans les vallées de la Suisse, le gouvernement français s’y oppose au séjour de tout émigré : car il avait été porté sur la liste fatale, ses biens avaient été confisqués, tandis qu’il dessinait en Italie. Poursuivi au dehors de la France, ne possédant plus d’autre fortune que son burin, il risque sa vie en rentrant dans sa patrie. Le peintre David le protège, comme l’un de ses collègues à l’académie de peinture. Denon exécute quelques dessins de costumes républicains pour le comité de salut public ; il sauve ainsi sa tête. Des jours moins épouvantables luisent sur la patrie ; la société renaît dans ses rangs élevés, marqués alors par de hautes fonctions publiques ou fixés par la victoire. M. Denon est admis dans