Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/201

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rent témoins ; mais il frémit en comptant les générations qui se succédèrent sur cette terre. Il mesure combien est fragile l’existence et le bonheur de l’homme durant son rapide passage, le sage se dit qu’il doit se hâter de bien vivre.

Bientôt, se retournant pour traverser le bosquet, il trouve sous son abri à peine quelque chemin, tant la mort entasse de victimes sous cet ombrage. Ces monumens renferment les restes de personnages étrangers à la gloire, mais non pas aux souvenirs d’une probité antique, non pas à la mémoire des plus douces vertus domestiques, non pas aux regrets de leurs proches, non pas aux larmes des familles. Sur le bord du plateau s’élève le tombeau de M. Jacquemart, manufacturier dans le faubourg Saint-Antoine. Son active industrie alimenta ses laborieux habitans en les occupant à fabriquer de riches tentures pour décorer la demeure de l’opulence, de modeste papier pour recouvrir le réduit du pauvre. Un pilastre marque ensuite la sépulture des familles Brochant et Boscheron. Sous un tombeau massif repose M. Fieffé, ancien notaire, membre du Corps législatif, homme chez lequel une probité sévère était unie à la plus touchante bonté. M. Moreau, l’un des maires de Paris, regretté de ses administrés, repose ensuite ; puis M. Gauthier, métallurgiste ;