Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/240

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il ne sait pas supporter avec dignité le malheur, parce qu’il s’était laissé enivrer par une prospérité éphémère, devenue maintenant son supplice ; il végète dans une obscurité profonde, tandis que ceux qui n’avaient point partagé son péril profitaient seuls des fruits de la victoire. Il mourut pauvre dans Paris, où tant de hauts personnages lui devaient leur fortune et la vie. Délaissé de tous dans sa dernière maladie, il aurait péri sur son grabat, faute de soins, faute de médicamens, faute d’un bouillon pour se soutenir, si un heureux du moment, instruit fortuitement de sa détresse, ne lui avait pas fait l’aumône de quelques pièces d’or dans ses derniers instans, dont le trop tardif secours fut impuissant pour prolonger ses jours, mais servit pour sa sépulture.

» Sur le bord du chemin partant de la chapelle repose un littérateur dont l’humeur caustique devint le tourment de ses jours. Personne ne refusera à Palissot d’avoir également bien écrit en prose et en vers, d’avoir possédé la pureté du goût, d’avoir apprécié avec impartialité les écrivains qui illustrèrent le siècle de Louis XIV, d’avoir relevé avec justesse quelques erreurs échappées à Voltaire dans ses Commentaires sur Corneille ; cependant les sectateurs de la philosophie moderne ne pardonnent pas même à sa mémoire d’avoir osé