Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/259

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toutes les existences sociales, civiles, militaires, administratives, se sentaient dans le péril extrême. Chacun redoutait d’ouvrir le moindre avis ; chacun désirait ardemment de jouir de la paix, de vivre dans le calme, de se sentir libre de toute inquiétude en cultivant son champ, en exerçant son industrie, en possédant ses biens ; l’imagination s’épouvantait au seul ressouvenir des horreurs de l’anarchie, du despotisme féodal, des oscillations politiques, sans cesse élevant, ébranlant, renversant les fortunes ; de la pesanteur du joug du despotisme. Comment oser pour l’avenir espérer de s’affranchir de tant de maux, lorsque dans le moment présent on se voyait dans un précipice dont il semblait impossible de sortir avec un état sans gouvernail, un pays sans chef, une administration générale sans principe et sans guide, obligée d’obéir aux exigences d’autorités et même d’intérêts contraires au bonheur commun. Dans ce conflit la moindre proposition publique d’un sentiment pouvait devenir fatale. Un homme, jusqu’alors presque inaperçu, osa le premier sortir des rangs pour remuer fortement l’opinion, et porter, dans la capitale, un coup terrible au colosse abattu, qui, dans sa chute elle-même, tenait encore les rois en suspens.

M. Bellart, né plébéien, simple avocat, bon