Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/67

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mire de toutes parts le style, les proportions, les ornemens, la beauté. Chacun choisit la position la plus favorable à l’exécution de sa pensée. Heureux celui qui sut l’étudier avant d’arrêter ses projets ! Non moins heureux celui qui ne fut point contrarié par le faux goût ou par la parcimonie des familles !

Dès que l’on parcourt ce champ où dorment du long sommeil tant de Français, on est surpris d’y voir toutes les formes des tombeaux usités chez tous les peuples du monde, depuis la pyramide élevée par l’orgueil égyptien pour annoncer réellement davantage l’humiliation, profonde des princes qui les firent ériger pour n’y occuper dans l’immobilité qu’un triste et étroit réduit, jusqu’à la corbeille de fleurs sous laquelle le Turc ou le Persan attend dans l’Orient l’instant du réveil éternel. On aperçoit l’un près de l’autre le sarcophage égyptien décoré de ses orillons, le stèle des Grecs, leurs cénotaphes, leurs monumens, la borne antique des Romains et leurs mausolées reproduits sur le sol français, les columbariums des anciens v dans des chapelles mortuaires et dés caveaux, les ordres grecs auprès d’ogives arabes, la feuille d’acanthe et le triglyphe non loin de rinceaux de feuillage champêtre, l’urne cinéraire et la forme hideuse d’une vile bière, le sable ailé des Égyptiens, les flambeaux renversés, l’oi-