Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/73

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crédit, les emplois, la fortune, qui les vit toujours s’échapper de ses mains ; l’homme ruiné par des malheurs publias lui arrachant des biens dont il semblait ne devoir jamais être frustré ; alors il gémit ; mais il se rit de la dévotion se laissant pompeusement transporter en parade, sous le velours et des panaches, dans le cimetière, pour s’y faire enterrer très-humblement en plomb, près du cercueil de sapin dont le pauvre reçut la dernière aumône. Son cœur est profondément affecté en voyant couler sur le cercueil d’un père les pleurs d’orphelins désormais sans appui, sans ressources, sans pain ; en entendant les cris d’une mère réclamant en vain son enfant ; lorsqu’il est témoin de la désolation d’une veuve ; lorsqu’il voit dans une douleur amère ses amis et les pauvres eux-mêmes vivement regretter l’homme charitable dont le cœur excellent fit part aux indigent, même de son nécessaire. S’il voit l’indifférence, contrainte par l’usage de faire cortège dans les obsèques d’un compagnon de travail ou d’un voisin, montrer publiquement tout son ennui, il sent combien le cœur est loin du triste devoir dont le corps remplit l’apparence ; mais il frémit en apercevant les plus misérables des hommes conduits dans leur dernière demeure par les seuls ministres des convois ; ils ne possédèrent pas un parent, pas