Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/260

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modément passer : mais au contraire les hommes de pied a grande difficulté en peuvent sortir & passer oultre, tant la terre y est embreuvée & enfondrée d’eaues des estangs & marestz. Ceste region à d’estendue devers le Septentrion treize journées, ou lon trouve grande abondance des bestes dessusdictes qui portent ces belles & precieuses peaulx, par le moyen & traffique desquelles les habitans retirent grand gaing & profit : car cela y attraict les marchans de toutes parts, pour les achepter & transporter en grande quantité. Mais la maniere d’introduire & mener les marchans dedans ce pays est fort estrange. Ilz ont des chiens qui sont presque aussi grandz qu’asnes, qui sont duictz & accoustumez a tirer la charrette. Or leurs chariots n’ont aucunes roues, mais sont faictz de grandz aiz larges & plains, & peuvent seulement contenir deux hommes, lesquelz aiz sont liez & attachez ensemble affin que leur largeur empesche que facilement ilz ne puissent enfondrer dedans les fanges & marestz. Doncq quand quelque marchand arrive, on le faict asseoir sur le chariot, auquel apres on attache six chiens par ordre affin de tirer le chariot, lesquelz le conduisent la part ou ilz font guidez par le chartier qui semblablement est assis sur le chariot avec le marchand : ainsi tirent ce chariot ou traisneau par tout, soit dans les fanges, les marestz, ou dedans l’eaue a gué. Toutesfois les chiens ne peuvent soustenir si grand travail plus d’un jour, car le lendemain il en fault prendre d’autres tous fraiz pour tirer le chariot : pour ceste cause en chacun villaige