Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/262

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& ravages dedans ce pays tenebreux, ravissent & emmenent leur bestail & tout ce qu’ilz trouvent, & leur font plusieurs autres fascheries & dommanges : & pour ce qu’en ce faisant la nuict souvent les surprend & sont en danger de n’en pouvoir facilement sortir, ilz usent de ceste cautelle. Quand les Tartares ont deliberé entrer dedans le pays pour emmener leur proye, ilz prennent des jumentz qui ont des poullains, & laissent les poullais a l’entrée du pays, soubz la charge & garde de quelques uns de leur compaignie, affin d’attendre leur retour : puis eulx ayans faict leurs courses & ravages, si la nuict les surprend, les jumentz qui observent songneusement les chemins pour retourner vers leurs poullains, ne faillent aucunement a les y conduyre sans aucun peril ne danger. Aussi ilz leurs laschent la bride sur le col, & les laissent librement aller ou l’affection les mene, & lors l’instinct naturel les conduict droictement au lieu ou elles ont laissé leurs poullains : ainsi elles rendent leurs hommes qui les chevauchent au lieu ou eulx mesmes n’eussent sceu retourner a cause des grandes tenebres & obscurité. Les habitans du pays ont semblablement diverses bestes desquelles ilz retirent les peaux qui sont cheres & precieuses, qu’ilz transportent en autres regions, dont ilz tirent grand proffit & emolument.