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Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/76

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ſert duquel avons cy dessus parlé, & un autre qui est moindre. Le pays est assez fertile & abondant en toutes choses necessaires pour la vie humaine. Les habitans ont langaige particulier, & semble qu’ilz ne sont nez, sinon pour eulx employer aux jeux, danses & esbatemens. Ils sont grans idolatres, fort adonnez au service des malings espritz, par la persuasion desquelz ilz observent telle coustume, que Hospitalité admirable. si aucun viateur passant par le pays s’arreste pour loger en la maison d’aucun d’entre eulx, incontinent le chef de la maison le reçoit à grand joye, & commande à sa femme, serviteurs, & famille, luy faire bonne chere, & luy obeir en toutes choses tant & si longuement qu’il vouldra sejourner en leur maison, puis se depart & ne retournera en son logis tant que son hoste en soit party, & ce pendant la femme obeist en toutes choses à cest hoste comme à son propre mary. Or les femmes du pays sont fort belles, & leurs mariz sont tellement abusez par leurs dieux qu’ilz estiment une chose digne de gloire & louenge de prostituer & abandonner leurs femmes aux estrangiers passans par le pays. Mais du temps que le Monguth grant Cham. grand Cham Monguth regnoit sur toute la Tartarie, apres avoir entendu ceste grande folie du peuple de Camul, leur manda qu’ilz n’eussent plus à observer & garder ceste coustume infame & deshonneste, mais plustost à conserver la pudicité de leurs femmes & n’en faire des hostelleries publiques, pour recevoir tous passans & viateurs, & que leur province ne fust plus infectée de si grande turpitude & infamie, dont les dessus-