Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/77

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dictz habitans de Camul ayans receu le mandement & vouloir de leur prince, furent grandement faschez & contristez, & par prieres, ambassades, & grands presens importunerent tellement le grand Cham qu’il revoqua son edict, luy faisans remonstrer qu’ilz avoient ceste tradition & coustume de leurs predecesseurs inviolablement observée & continuée : d’avantage qu’ilz s’asseuroient que par telle hospitalité & gracieuseté qu’ilz faisoient aux viateurs, ilz acqueroient la grace & bienveillance de leurs dieux, en sorte qu’ilz s’apercevoient leurs terres & possessions en prosperer, & estre plus fertiles. A cette cause le Roy Monguth ouyes leurs complainctes & remonstrances, leur accorda ce qu’ilz demandoient, en revoquant son edict, & leur manda Lettres du grand Cham. telles lettres en substance. « Pourtant qu’il me touchoit je vous avois mandé de supprimer ceste coustume detestable, & dont en tout le monde n’est mention de semblable. Mais puis que reputez à honneur vice, injure, & infamie, ayez entre vous ceste infamie comme la desirez. » Ces nouvelles avec lettres derogatoires au premier mandement furent receues à grande joye & festivité par tout ce peuple, lequel encores ce jourdhuy garde & observe ceste coustume.


De la province de Chinchintalas.         Chap. XLVI.



Oultre Camul, on vient en la province de Chinchintalas, laquelle du costé de Septentrion joinct à un desert, & contient en longueur six journées, elle est bien peuplée de