Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/154

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lequel, afin de faire éclater sa prudence, le chargea d’une affaire dans un pays éloigné et où il ne pouvait pas se rendre en moins de six mois. Il s’en acquitta avec beaucoup de sagesse et s’acquit tout à fait les louanges et les bonnes grâces du prince. Et sachant que l’empereur était curieux des nouveautés, il eut soin de s’informer, dans tous les pays par où il passa, des mœurs et des coutumes des hommes, des différentes espèces et de la nature des animaux, dont il faisait après cela le rapport à l’empereur, et par où il se concilia si bien son amitié que, quoiqu’il n’eût que dix-sept ans, le roi s’en servait dans les plus grandes affaires du royaume, l’envoyant dans les différentes parties de son vaste empire. Après qu’il avait expédié les affaires de sa commission, il employait le reste du temps à observer les propriétés des pays ; il remarquait la situation des provinces et des villes, ce qui se trouvait d’extraordinaire ou qui était arrivé dans les différents lieux par où il passait, et il mettait tout par écrit. Et c’est de cette manière qu’il a procuré à nos Occidentaux la connaissance de ce qui fera la matière du second livre.

IX
Après plusieurs années passées à la cour du Grand Khan, ils obtiennent de retourner à Venise.


Après que nos Vénitiens eurent demeuré pendant quelque temps à la cour du Grand Khan, poussés du désir de revoir leur patrie, ils demandent permission au roi de s’en retourner. Ce qu’ils eurent beaucoup de peine à obtenir, parce qu’il les voyait avec plaisir. Il arriva dans ce temps-là que le roi des Indes, nommé Argon, envoya trois hommes considérables à la cour du grand Koubilaï, qui s’appelaient Culataï, Ribusca et Coila, pour lui demander une fille de sa race en mariage, sa femme, nommée Balgana, étant morte depuis peu, laquelle, en mourant, avait mis dans son testa-