Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/156

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les accompagnaient partirent de là, après avoir obtenu du vice-roi, nommé Acata, qui gouvernait le royaume pendant la minorité, deux autres tables d’or, suivant la coutume du pays, pour leur servir de sauf-conduit par tout le royaume. Ils sortirent de cette manière sains et saufs et avec beaucoup d’honneur de ce pays-là ; et, après un long voyage et beaucoup de peines, ils arrivèrent, avec le secours de Dieu, à Constantinople et de là ils se rendirent à Venise, en bonne santé, comblés d’honneurs et de richesses, l’an de Notre-Seigneur 1295, remerciant Dieu de les avoir conduits, à travers tant de dangers, dans leur chère patrie. Il a fallu marquer ces choses dès le commencement, afin que l’on sût de quelle manière et à quelle occasion Marco Polo, auteur de cette relation, a pu être informé de tout ce qu’il rapporte et de toutes choses qui vont être décrites dans les chapitres suivants.

XI
De l’Arménie Mineure.


Après avoir fait mention de nos voyages en général, il faut maintenant venir au particulier et faire la description de chaque pays que nous n’avons touché qu’en passant. L’Arménie Mineure donc, qui est la première où nous avons entré, est gouvernée avec beaucoup de justice et d’économie ; le royaume a plusieurs villes, bourgs et villages ; la terre y est fertile, et il n’y manque rien de ce qui est nécessaire à la vie ; la chasse y est abondante en bêtes et en oiseaux ; l’air y est pur et subtil. Les habitants étaient autrefois bons guerriers ; mais à présent ils sont ensevelis dans la mollesse et ne s’adonnent plus qu’à l’ivrognerie et au luxe. Il y a en ce royaume une ville maritime, nommée Layas, dont le port est très bon ; et il y abonde beaucoup de marchands de toutes sortes de pays, et même de Venise et de Gênes ; c’est, pour ainsi dire, le magasin de diverses marchandises précieuses et de