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l’huile de sésame et de noix. Les habitants ne craignent point les invasions de leurs voisins, parce que les entrées de la province sont fort étroites et de difficile accès. Leurs villes et leurs forts sont fortifiés par art et par nature. Ils ont parmi eux de bons tireurs d’arc et d’excellents chasseurs. Ils sont vêtus la plupart de crin, parce que les étoffes de lin et de laine y sont fort chères ; les dames de qualité portent cependant du linge et des robes de soie.

XXXV
De la province de Bascia.


La province de Bascia est éloignée de Balascia de dix journées. C’est un pays fort chaud, ce qui fait que les hommes y sont noirs, mais rusés et malins ; ils portent des pendants d’oreilles d’or et d’argent, et aussi de perles ; ils vivent de riz et de viande, ils sont idolâtres, s’étudiant aux enchantements et invoquant les démons.

XXXVI
De la province de Chesimur.


La province de Chesimur (Cachemir) est éloignée de Bascia de sept journées. Les habitants ont une langue particulière et sont idolâtres, s’adressant aux idoles et recevant les oracles des démons. Ils font, par leurs sortilèges et leurs invocations, condenser l’air et former des tempêtes. Ils sont basanés, car le climat est tempéré. Ils vivent de riz et de chair, et cependant ils sont très maigres. Il y a beaucoup de villes et de villages ; leur roi ne paye tribut à personne, parce que son pays est entouré de déserts de tout côté, ce qui fait qu’il n’appréhende rien[1]. Il y a dans cette pro-

  1. L’isolement naturel de ce pays très fertile, habité par un peuple très industrieux, le laissait encore pour ainsi dire inconnu de ses voisins au temps de Marco Polo. Il n’en sortait guère, comme on le voit ici, que des échos de légendes terribles. Ce n’est presque qu’au siècle dernier qu’on a eu les premières notions exactes sur cette intéressante région.