Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/207

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prendre ses ennemis, qui ne s’attendaient pas à une si prompte marche, et de peur que sa résolution ne vint à être connue de Naiam, son ennemi, et qu’il ne se retranchât dans quelque lieu avantageux. L’empereur avait alors d’autres armées sur pied, qu’il avait envoyées pour subjuguer différentes provinces, et qu’il ne voulut point rappeler, pour que son dessein ne fût découvert à l’ennemi. C’est pourquoi il envoya partout garder les chemins fort exactement, afin que ses ennemis n’eussent pas le moindre vent de son arrivée. Car tous les passants étaient arrêtés par les gardes du roi, afin que personne ne pût informer Naiam des desseins de l’empereur. Les choses étant ainsi ordonnées, le roi consulta les astrologues, pour savoir à quel jour et à quelle heure il devait partir afin d’avoir un heureux succès dans son entreprise. Les astrologues l’assurèrent tous, d’une voix unanime, que son voyage serait heureux et que le temps lui était alors favorable pour triompher de ses ennemis.

IV
De quelle manière Koubilaï vinquit Naiam.


L’empereur partit donc sur cette assurance et se rendit dans la susdite plaine, où Naiam attendait encore l’arrivée du roi Caydu, qui devait lui amener du secours. Ayant fait camper son armée sur une colline, il y passa la nuit avec tous ses gens. Pendant ce temps-là les soldats de Naiam, qui ne se défiaient de rien et qui ne croyaient pas qu’il y eût rien à craindre, battaient la campagne, les uns avec leurs armes, les autres sans armes ; mais la nuit étant passée et le jour commençant à paraître, l’empereur monta sur le plus haut de la colline ; il partagea son armée en douze bataillons de trois mille hommes chacun. Les bataillons furent ainsi ordonnés, à savoir, qu’en quelques bataillons les piétons couvriraient de leurs lances le front des combattants. Le roi était dans un châ-