Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/213

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peintes de différentes manières ; mais particulièrement on y voit plusieurs traits d’histoire des guerres, qui sont représentés avec de vives couleurs, et tout y est éclatant d’or. Dans la grande cour de ce palais il y a une table où six mille hommes peuvent manger ensemble. Entre les deux murailles qui entourent ce palais il y a plusieurs parcs, plusieurs prés, et de nombreux arbres fruitiers et autres. Ces parcs sont remplis de bêtes sauvages, à savoir des cerfs, des animaux qui portent le musc, des chevreaux, des daims et d’autres animaux de diverses espèces. Il y a du côté du septentrion des viviers où l’on nourrit le meilleur poisson du monde ; il entre dans ce lac une rivière qui en sort aussi, mais l’entrée et la sortie sont fermées par des grilles de fer, de peur que le poisson ne s’échappe. À une lieue hors du palais il y a une petite montagne assez élevée, qui peut avoir un mille de tour, et sur laquelle il y a en tout temps un plantage d’arbres toujours verts. Le roi a soin de faire conduire sur cette montagne les meilleurs arbres de toutes sortes d’endroits les plus éloignés, qui sont chargés sur des éléphants : car on les déracine et on les transplante sur cette montagne. Et parce que cette montagne est toujours verdoyante, on l’appelle la montagne Verte. Il y a sur la pointe un magnifique palais, où le Grand Khan se retire souvent pour vaquer à ses affaires. Ce palais est peint aussi de vert. Il y a aussi un autre grand palais ou château, près de celui du Grand Khan, dans lequel Temur, son petit-fils et son successeur, tient une cour royale et magnifique. Car il a une très grande autorité et a même le sceau impérial, quoiqu’il soit soumis au Grand Khan comme à son seigneur.