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et de baladins ; c’est pourquoi au milieu de la cour royale on pose un vase d’or, d’où découle le vin ou quelque autre liqueur, comme d’une fontaine ; et il y a quatre vaisseaux d’or placés çà et là pour recevoir cette douce liqueur, d’où on la puise ensuite pour en servir à tous ceux qui sont à table. Tous ceux qui sont traités dans cette cour boivent dans des vases d’or ; on ne peut exprimer le grand appareil ni la quantité des vases d’or et d’ustensiles qui sont employés quand le Grand Khan donne une fête publique. Les princes qui servent le roi à table se couvrent la bouche d’une étoffe fort fine, de peur que leur souffle ou leur haleine ne donne sur le manger et le boire du roi. Et quand l’empereur lève la coupe pour boire, tous les joueurs d’instruments et de trompettes commencent à faire entendre une agréable musique, et tous les courtisans se mettent à genoux. Il n’est pas besoin que je fasse la description des mets de la table du roi, de leur délicatesse et de leur magnificence, ni avec combien de pompe et de splendeur ils sont servis. Le repas étant fini, les chanteurs et les joueurs d’instruments, les nécromanciens et les farceurs viennent faire leurs concerts et leurs grimaces devant la table du roi ; ce qui contribue à le mettre de bonne humeur et à lui procurer une agréable digestion.

XIV
Comment on célèbre le jour de la naissance du roi.


Les Tartares observent tous la coutume de célébrer avec beaucoup d’honneur le jour de la naissance de leur prince. Celui de la naissance de l’empereur Koubilaï est le 28 de septembre, et il célèbre ce jour avec plus de solennité qu’aucun de toute l’année, excepté les calendes de février, qui est le commencement de l’année. Le roi, au jour de sa naissance, est revêtu d’un habit d’étoffe d’or très précieuse ; tous les courtisans sont aussi habillés le plus magnifiquement qu’ils peu-