Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/226

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balu apportent de l’or, de l’argent, des perles et des pierres précieuses, qu’ils troquent contre cette monnaie impériale ; mais, parce qu’elle n’a point cours en leurs pays, quand ils veulent s’en retourner, ils en achètent des marchandises qu’ils emportent en leurs pays. Le roi commande quelquefois à ceux qui restent à Cambalu qu’ils aient à porter leur or, leur argent et leurs pierres précieuses sans retardement entre les mains de ses officiers, et en recevoir la juste valeur en la monnaie susdite. De là il arrive que les marchands et les habitants n’y perdent rien ; et que par ce moyen le roi tire tout l’or et se fait de grands trésors. L’empereur paye aussi en cette monnaie ses officiers et ses troupes ; et enfin il en paye tout ce qu’il a besoin pour l’entretien de sa maison et de sa cour. De sorte qu’il a fait d’une chose de rien beaucoup d’argent et qu’on peut faire aussi beaucoup d’or et d’argent avec cette misérable monnaie. Ce qui fait qu’il n’y a point de roi au monde plus riche que le Grand Khan, car il amasse des trésors immenses d’or et d’argent, sans dépenser rien pour cela.

XXII
Des douze gouverneurs des provinces et de leur office.


Le Grand Khan a douze barons à sa cour, qui commandent en son nom à trente-quatre provinces ; leur office est d’établir deux recteurs dans chaque province, pour avoir l’œil aux armées que le roi entretient dans les lieux de leur district, et les pourvoir des choses nécessaires. Ils donnent avis au roi de tout ce qu’ils font, qui confirme tout cela par son autorité ; ils accordent beaucoup de grâces et de privilèges. C’est pourquoi ils sont fort considérés, et pourquoi leur faveur est fort ambitionnée. Ils habitent dans la ville de Cambalu un grand palais qui leur est destiné, où il y a plusieurs chambres pour eux et pour leurs officiers. Ils ont aussi des assesseurs et des notaires, qui leur