Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/228

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dent au second cabaret. C’est ainsi qu’ils en usent soit en allant ou en revenant ; et en très peu de temps ils portent les ordres du roi à l’extrémité de l’empire, ou lui apportent des nouvelles des endroits les plus reculés. Entre ces hôtelleries il y a encore des habitations éloignées de trois à quatre milles les unes des autres, où il y a fort peu de maisons et où logent les coureurs à pied, lesquels portent une ceinture garnie de sonnettes. Ces coureurs sont toujours prêts, quand il vient des lettres du roi, de les porter avec une extrême vitesse à la première habitation ; et comme avant qu’ils arrivent le son de leurs clochettes les annonce, d’autres qui sont destinés au même emploi se préparent à porter les lettres plus loin. De sorte que ces lettres passent d’habitation en habitation, par plusieurs coureurs différents, et vont ainsi jusqu’où elles doivent rester. Et il arrive souvent que le roi apprend par là des nouvelles en trois jours, ou reçoit des fruits nouveaux d’un endroit éloigné de dix journées de Cambalu. Or tous ces coureurs sont exempts de tout tribut ou impôt, et reçoivent outre cela une bonne récompense du roi.

XXIV
De la prévoyance de l’empereur pour les cas de cherté des vivres.


Le Grand Khan a coutume d’envoyer tous les ans des messagers en diverses provinces de son empire, pour s’informer si les sauterelles et les insectes n’ont point causé de dommage aux blés, ou enfin s’il n’est point arrivé quelque obstacle à la fertilité de la terre. Et lorsqu’il apprend que quelque province a souffert un dommage considérable, il lui remet le tribut qu’elle devait lui payer cette année-là, et envoie du blé de ses greniers pour la nourriture de ce peuple et pour ensemencer les terres. Car dans le temps de l’abondance le roi achète une grande quantité de froment, afin de subvenir aux provinces qui n’auront pas fait la récolte