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LXIII
De la ville se Singui.


Singui (Sou-tcheou) est une belle et grande ville qui peut avoir soixante milles de circuit ; elle est fort peuplée, de même que toute la province de Mangi ; mais les habitants ne sont pas belliqueux ; ils sont bons marchands et bons artisans, et il y a beaucoup de médecins et de philosophes. Il y a dans la ville de Singui des ponts de pierre dont les arches sont si hautes que les plus grands navires, sans baisser leurs mâts, peuvent passer dessous. Il croît en cette province de la rhubarbe et du gingembre en quantité. Cette ville a sous sa dépendance seize autres villes fort marchandes ; les habitants sont habillés d’étoffes de soie, car l’on y fait de ces étoffes en quantité. Le nom de Singui signifie en leur langue « ville de la Terre », de même qu’ils ont une autre ville nommée Quinsai, qui veut dire « ville du Ciel », qui sont deux villes très remarquables dans ces pays orientaux.

LXIV
De la noble ville de Quinsai.


À cinq journées de la ville de Singui, il y a une autre ville remarquable nommée Quinsai[1], qui veut dire « ville du Ciel » ; elle est une des plus grandes du monde. Moi Marco, j’ai été dans cette ville et l’ai examinée diligemment en remarquant les coutumes et les mœurs du peuple. C’est pourquoi je rapporterai en peu de mots ce que j’ai vu et remarqué. Cette ville a cent milles de circuit ; elle a douze mille ponts de pierre, dont les arches sont si hautes que les plus grands vaisseaux peuvent y passer dessous sans baisser leurs mâts. La ville

  1. Hang-tcheou, ancienne capitale de l’empire des Soung, qui fut un des principaux centres où se forma la civilisation chinoise.